Au début des années 2000, certains cinémas commencent à équiper leurs salles d’une boucle d’induction magnétique. Les malentendants dont les prothèses ou l’implant sont munis de la position T peuvent ainsi recevoir directement un son qui n’est pas perturbé par des phénomènes d’écho et de réverbération, ni par la multiplicité des sources sonores.
Mais une question se pose : quel son envoyer dans la boucle ?
Car dans une salle de cinéma, il y a plusieurs sons : depuis 1977, date avant laquelle le son des cinémas était monophonique, le nombre de sources sonores n’a fait qu’augmenter. En 1991, le format Dolby Digital est apparu, permettant d’alimenter 6 canaux. On parle de son 5.1. C’est le format le plus répandu encore aujourd’hui. Six sons différents sont produits par six enceintes réparties autour de la salle : une enceinte centrale et deux enceintes droite et gauche, disposées sur le devant de la salle, deux enceintes latérales à l’arrière et un caisson de basses, placé à l’avant, qui diffuse les sons graves (c’est le .1 du format).
Le choix est fait de brancher l’amplificateur de la boucle magnétique sur une sortie spéciale du projecteur, le canal malentendants, qui est alimenté par un mélange réalisé électroniquement du son destiné aux enceintes centrale, droite et gauche, le niveau de l’enceinte centrale étant un peu renforcé.
Ce choix est logique. A cette époque, on projette encore des films avec son monophonique (sur l’enceinte centrale) ou stéréophonique (sur les enceintes droite et gauche). La solution retenue permet de récupérer le son dans ces deux cas de figure.
En format 5.1 (ou en format 7.1, apparu en 2010), les choses se compliquent. Les différentes composantes du son sont réparties entre les 6 enceintes. Les dialogues se retrouvent essentiellement sur l’enceinte centrale : jusque là tout va bien pour les malentendants. Les enceintes droite et gauche accueillent la musique, des éléments d’ambiance et des bruitages (brouhaha de foule, ronronnement d’un moteur de voiture). Ces composantes vont donc se superposer aux dialogues et compromettre leur intelligibilité pour les malentendants. A l’inverse, le tir d’un pistolet, que le mixage aura localisé sur les enceintes arrières sera perdu, et on ne comprendra pas pourquoi le personnage s’écroule subitement.
On commence à deviner ce qu’il faudrait faire pour offrir aux malentendants un son qui leur soit adapté : atténuer pendant les dialogues les sons perturbateurs, mais ne pas le faire trop brusquement pour préserver une certaine esthétique sonore ; réintroduire des sons destinés aux enceintes arrière pour améliorer la compréhension de l’action. Mais peut-être aussi jouer sur certains paramètres comme la fréquence, la compression, … pour clarifier la parole.
On comprend aussi que cela ne peut être fait automatiquement mais demande une intervention humaine : c’est là que le mixeur entre en scène…
En 2023, alors que le cinéma est devenu complètement numérique, rien n’a changé dans les salles équipées d’une boucle magnétique. Le processeur de son est muni d’une sortie spéciale dans laquelle on continue d’envoyer le mélange automatique des trois voies frontales.